Ventes au kilo, le Guide des pépites vintage #72

Dans la newsletter 72# : les effets pervers des ventes de vêtements au kilo, un guide pour dénicher des pépites vintage sur Vinted...

Ventes au kilo, le Guide des pépites vintage #72
Photo de John Margolies

Pas une semaine sans l'annonce d'une giga vente au kilo à Grenoble, Le Mans ou Paris. De plus en plus nombreux, ces événements sont un nouveau canal pour acquérir des fringues de seconde main. Un phénomène qui prend de l'ampleur et séduit les Français·e·s, mais à quel prix ? Suite de la réflexion plus bas !
Et en parlant de sources, de moyens de se fournir en vêtements, j'ai trouvé le livre parfait pour devenir incollable sur les marques vintage françaises de qualité. Pas celles que tout le monde connaît et s'arrache, mais les autres, les moins connues et prisées donc ! Pour en savoir plus, c'est aussi en bas que ça se passe !

🛒 Les ventes de vêtements au kilo, éloge de la surconsommation de seconde main

vente kilo

Elles s'appellent Grama, Oh My Frip ou Vinokilo et elles ont foisonné ces derniers mois en France ! Presque chaque week-end, les ventes éphémères de vêtements au kilo installent leur marchandise dans les grandes et moyennes villes du pays et attirent les foules. La raison d'un tel succès : la promesse de faire le plein de pièces vintage en payant un prix au kilo "attractif", doublée d'un discours marketing qui s'ancre dans un contexte inflationniste et de mutation des habitudes de consommation des Français·e·s.

Un bon filon pour ces entreprises (françaises et européennes) qui brandissent l'étendard d'une mode plus vertueuse (au choix : vintage, de qualité, unique, économique, écologique...). Seulement derrière ces engagements, il y a la réalité de ces ventes : des tonnes de vêtements de provenance inconnue, des pièces pas systématiquement triées, abimées, de piètre qualité car souvent issues de la fast fashion et vendues à des prix élevés (de 28 à 55€ le kilo). Une bonne affaire, vraiment ?
Il est également nécessaire de souligner que ces ventes au kilo encouragent une surconsommation décomplexée et qu'elles occultent le travail de certains acteurs locaux (asso, recycleries/ressourceries, friperies indépendantes...) qui ont adopté une approche plus raisonnée de la seconde main. Du côté de la presse enfin, encore peu de médias en soulignent les effets pervers, préférant en général user de superlatifs pour qualifier ces ventes XXL de bons plans. Oui, reste à savoir pour qui ?

📰 Revue de presse

• Si tu ne viens pas à la fripe, c'est elle qui viendra à toi ! Aux alentours de Fontainebleau (dans le 77 et le 91), Joéma – La Friperie Mobile installe sa caravane-boutique dans les villes et villages dépourvus d'une offre de mode seconde main
• Au Brésil, l'Armée du Salut a conçu un cintre à message pour inviter les client·e·s d'un hôtel à faire don de leur vêtements
• Que deviennent les vêtements déposés dans les bennes des magasins de prêt-à-porter ? Une équipe de France TV a suivi grâce à des balises le voyage autour du monde des vêtements donnés dans ces boutiques

Et aussi
•  14 milliards d'euros, voilà le chiffre d'affaires dégagé par le marché de la seconde main en France en 2023 (6 milliards pour le prêt à porter) selon une étude Xerfi
• Selency, Désuet, Citron 12... 33 brocantes en ligne pour chiner de chez vous

📚 Reco culture : Des expos sur les grands magasins et la mode aux sports d'hiver

exposition sur les grands magasins
  • Après-guerre, l'Europe voit pousser des complexes touristiques mêlant modernisme et traditions locales. Arte consacre une série de docu à ces constructions à portée sociale qui ont métamorphosé des sites comme Benidorm (en Espagne) ou la Grande Motte (Rêves de béton pour les vacances, jusqu'au 25/05 pour certains épisodes, jusqu'au 01/06 minimum pour d'autres).
  • À leur apparition au milieu du XIXème siècle, ils ont chamboulé le paysage commercial de la capitale et les habitudes des Parisien·nes. Le Musée des Arts décoratifs se penche sur les grands magasins et leur naissance dans une expo multithématique (La naissance des grands magasins. Mode, design, jouets, publicité, 1852-1925, jusqu'au 13/10/2024 au MAD).
  • Le chic des sports d'hiver ! Le Musée Dauphinois (Grenoble) invite le public à porter un regard sur l'évolution des tenues vestimentaires à la montagne au cours du XXème siècle à travers une exposition de portraits de personnalités et de proches pris par Jacques Henri Lartigue des 30's aux 60's (Style & cimes, jusqu'au 6/01/2025 à de Grenoble, gratuit).

🗓️ Dans l'agenda

Semaine du 20/05/2024

Retour de la plus belle brocante de Paris et braderie vélo
Brocante de la rue de Bretagne, des vide-dressing “swing” et “tango”, une braderie vélo

Et aussi
• Chiner pour pas cher à Strasbourg, voilà les meilleures adresses de la ville
• À Toulon, la rue de Pomet fait le plein de boutiques seconde main

🛠️ Astuce de pro : Muscler sa recherche vintage en ligne

guide pépites vintage

Utilisé à tort et à travers, notamment pour qualifier du Zara récent, le terme "vintage" a quelque peu perdu de son sens et de sa valeur sur les plateformes de revente de vêtements. Vinted, en particulier, regorge pourtant de merveilles héritées de l'âge d'or du prêt-à-porter français, encore faut-il savoir comment les débusquer ! Le Guide des pépites vintage vous aidera dans cette quête du graal. Ses autrices, Tina Kemptner et Cécile Poutiers-Slanka, y ont listé 150 marques aujourd'hui méconnues et qui ont produit des 60's au 80's des pièces d'une qualité exceptionnelle. Cette production, et c'est là que ça devient intéressant, est encore disponible dans le circuit de la revente et à des sommes raisonnables. Ce livre est un répertoire aussi pratique (il est truffé de conseils pour optimiser ses requêtes) que précieux pour se documenter sur le patrimoine textile français et les matières.

Chinez votre garde-robe : guide des pépites vintage. Prêt-à-porter français des années 60 à 80 de Tina Kemptner et Cécile Poutiers-Slanka (éditions Eyrolles, avril 2024)

⏪ Dans le rétro : Les enseignes américaines des bords de route

Plus de 11 000 clichés au compteur ! John Margolies, spécialiste de l'architecture et photographe, a inlassablement shooté à partir des années 70 ces enseignes et devantures spectaculaires qui ont fleuri au bord des routes de l'Amérique (post Seconde Guerre mondiale). Garage, motel, diner, casino rivalisaient alors de couleurs, slogans et de créativité pour capter l'attention fugace des conducteur·trice·s qui croisaient leur chemin.

Pour en voir plus : les archives photos de la Library of Congress + l'ouvrage Roadside America chez Taschen

⏱️ En bref

  • Besoin d'un accompagnement pour développer son commerce de seconde main ? La consultante en commerce circulaire/seconde main, Marjorie Biawa, a lancé sa formation en ligne et avec un suivi personnalisé. Plus d'infos ici

On se retrouve dans deux semaines ? D'ici là, vous pouvez m'envoyer vos commentaires, questions, suggestions de bons plans et sujets, bref...